Présentation

 !!! En raison des mobilisations - contre la réforme des retraites, contre la précarité étudiante et contre la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) -,  le programme du colloque Urban Feedback sera modifié afin d'aborder ces questions d'actualité et plus largement la question du sens de nos métiers et de nos missions !!!

>>> Toutes les sessions sont maintenues mais des temps de tribune sur les réformes en cours seront organisées au cours des trois journées de colloque afin de partager les connaissances sur les sujets d'actualité et d'en débattre.

Ce colloque est l’occasion de montrer et de mettre en débat au sein de la communauté scientifique et professionnelle comment cette rétrospective esquisse à sa manière le devenir de l’urbanisme notamment dans les façons dont il est pensé, vécu et pratiqué. Il est attendu dans les propositions des éléments de réponses et de débat à la thématique générale Urban Feedback à travers 6 thématiques présentées dans cet appel à communication. Une attention toute particulière sera portée aux travaux se risquant à établir des passerelles et des hybridations entre divers domaines de savoirs :

  • à l’articulation de plusieurs champs disciplinaires
  • croisant pratiques de recherche et activités d’urbaniste
  • intégrant diverses modalités de critique urbaine
  • empruntant à la fois à l’histoire urbaine et à l’épistémologie

 

1. ACTION / SAVOIR

Dans le cadre de cette session la rétrospective des travaux proposés se focalise sur la dialectique entre urbain de l’action et urbain du savoir (Van Damme, 2013). Les liens parfois constitutifs entre centres de formation, laboratoires de recherche et monde professionnel y sont le sujet d’analyses (Devisme, 2010). L’émergence et l’évolution en parallèle des instituts et des agences d’urbanisme y est notamment traitée. Y a-t-il des effets de synchronisation (Buyck et al., 2018) ? De distanciation (Dang Vu et al., 2018) ? Et plus généralement, quelles relations entre universités et métiers (Claude, 2006) ? L’enjeu des recherches contractuelles est aussi une autre manière de questionner cette dialectique. C’est aussi une façon de comprendre autrement le sens des actuelles recherches-actions. La place de l’atelier et la pratique du projet sont ensuite à interroger. Comment s’articulent l’expérience pédagogique de l’action urbanistique avec la construction d’un savoir de l’urbain ? C’est d’autre part au coeur même des recherches que le statut du projet se doit d’être questionné. Enfin, au vu des relations étroites entretenues avec le monde de l’action, à quelles conditions peut-on caractériser l’urbanisme en tant que discipline académique (Davoudi, 2015) ?

 

2. PENSÉES / IMPENSÉS

L’urbanisme est ici mobilisé à travers les mouvements de sa pensée. Dans cette session, les contributions retranscrivent la trajectoire de concepts (l’urbanité par exemple), de figures (la « ville-diffuse », l’« entre-ville » etc.), de méthodes (statistiques à sensibles), de paradigmes (de la ville-bidon à la ville-durable), de personnalités (Henri Lefebvre pour n’en citer qu’un), de territoires (la métropole, la banlieue, le périurbain mais aussi les villes moyennes ou le rural), de textes (de Learning From Las Vegas à Delirious New York en passant par Poétique de la ville) ou de thématiques (la mobilité, l’habitat, le paysage pour ne citer que les plus conventionnelles). Emblématiques ou singuliers, mainstream ou orphelins, ces objets d’analyse donnent à voir les grandes théories comme les controverses qui animent la discipline. Façonnent-ils en creux une théorie urbaine (Jayne et al., 2016) ? Ou renouvellent-ils périodiquement les principes de l’urbanisme (Ascher, 2001) ? Quels destins et quelle réception connaissent ces objets ? Peut-on déduire de l’analyse de leurs trajectoires des enseignements vis-à-vis de la place de l’urbanisme au sein des sciences humaines et sociales ?

 

3. TECHNIQUE / POLITIQUE

Les mouvements de politisation et dépolitisation qui ne cessent de ponctuer l’histoire et la théorie de l’urbanisme tendent aujourd’hui à une apparente dépolitisation et à une forte technicisation de la discipline. Cette session est à ce titre une invitation à réexaminer les rapports entre urbanisme, technique et politique. Des rapports qui sont bien souvent éclipsés par la quête des conditions matérielles de l’urbain. Pour autant, l’organisation des formes de coexistence urbaine répond bien de dimensions politiques. Normes (Pinson, 2018) et valeurs (Matthey, 2014) fixent ici les termes du débat. De prime abord absorbés dans le management économique et social qu’est l’urbanisme (Arab, 2007), les outils, méthodes et logiciels seront explicités et contextualisés. Il en va de même pour les systèmes d’acteurs et les réseaux dont l’analyse mettra en lumière les modèles et modalités de transmission et de pensée des politiques urbaines. L’invitation est ici à la déconstruction de l’opérationnalité de l’urbanisme tout comme à la prise de recul vis-à-vis du « paradigme managérial » sur lequel il repose pour reconsidérer la neutralité technique que l’urbanisme véhicule plus ou moins consciemment. Parallèlement, c’est aux formes d’engagement que s’intéressera cette session pour en décrire l’usage, parfois naïfs, de méthodes et d’outils.

 

4. DISCIPLINE / DISCIPLINES

L’enjeu est ici de s’intéresser à l’urbanisme en tant que discipline (Davoudi, 2015) et plus généralement à sa relation aux autres disciplines. À quelles conditions l’urbanisme est-il considéré comme discipline à part entière (Barles, 2018) ? Existe-il vraiment en tant que discipline (Scherrer, 2013) ? Certains postulent que c’est une indiscipline (Pinson, 2004), d’autres que la discipline reste à indiscipliner (Buyck, 2019), que nous disent les traces de l’urbanisme en ce sens ? Certains qualifient a contrario l’urbanisme de domaine d’étude et alimentent dès lors les débats à propos des études urbaines (Paquot, 2000). Comment relire ce débat entre urbanisme et études urbaines (Scherrer, 2010 & Paquot, 2013) à l’épreuve des cinquante dernières années ? Quelles orientations en termes de recherche et de pédagogie sont-elles façonnées par cette dialectique ? De plus, peut-il exister une définition de l’urbanisme qui ne soit pas ancrée dans un lieu et dans une époque (Collet et al., 2013) ? Enfin, les interconnexions avec des disciplines telles que l’architecture, l’économie, l’ingénierie, la géographie, les sciences de l’environnement, les sciences politiques, la sociologie, etc. sont à ré-interroger. C’est en d’autres termes à la portée épistémologique de l’urbanisme (Bonnicco-Donato, 2018) que nous nous attachons ici en proposant par l’exposé de rétrospectives épistémologiques de prendre du recul par rapport à cette actualité.

 

5. ICI / AILLEURS

Entre régionalisme (Savitch et al., 2009) et internationalisation (Sassen, 1991), c’est à la dimension située de l’urbanisme et à la circulation de ses modèles que s’intéresse cette session. Peut-il y avoir et à quelles conditions une théorie urbaine globale (Harrison et al., 2018) ? Comment cette dernière s’est-elle exprimée dans le monde de la recherche et de l’enseignement ? Que dire du tournant global des sciences sociales (Caillé et al., 2013) appliqué à l’urbanisme ? Mais aussi, à travers ces cinquante dernières années, comment s’opèrent concrètement les transferts de compétences d’un pays à l’autre ? Quelles modifications des regards sur les Suds, les anciennes colonies, les Etats-Unis et l’Asie notamment ? Quelle place pour l’Europe dans ce cadre ? À l’épreuve du temps long, que fabrique la comparaison internationale (Robinson, 2015) ? À la suite de circulation d’écrits (Pereira et al., 2011), de modèles (Leducq et al., 2018), de revues ou encore de professionnels (Rosenbaum, 2017), assiste-on à l’émergence de configurations singulières à même d’opérer des reconfigurations épistémologiques ? Enfin, l’approche monographique d’un lieu, d’une institution, d’une personnalité, d’un réseau, etc. n’est pas à négliger : Que nous disent ces analyses situées de la notion de local et des tensions qui le traversent ?

 

6. FOND / FORME

Cette session est l’occasion de s’intéresser plus spécifiquement aux formes urbaines et à leurs enjeux sociaux (Tonkiss, 2013). Comment prolonger la chronique de formes urbaines telle qu’initiée notamment de l’îlot à la barre (Panerai et al., 1997) ? Et pour quels enseignements ? Les notions de composition – que l’on retrouve notamment dans le « nouvel urbanisme » (Ghorra-Gobin, 2003) et ses références historiques – ainsi que celle de collage (Rowe et Al., 1978) et ses effets durables sur le projet urbain (Panerai et al., 1999) sont-elles toujours d’actualité ? À l’épreuve des cinquante dernières années, que se joue-t-il dans la fabrique de formes urbaines ? S’agit-il de création, de projection, d’expérimentation ? Quelle modification dans leur prise en compte ? De plus, quels liens existent-ils entre modes de représentation – informatiques, manuels, photographiques, vidéographiques... – et les formes urbaines en tant que telles ? Souvent associée au sensible, la prise en compte des formes relève pourtant de pratiques diverses. A ce titre, comment a évolué cette appréhension du sensible et de l’imaginaire ? Et, depuis les situationnistes, pour quelle potentialité critique ? Enfin, quelles leçons tirer lorsque l’on considère les formes, matériaux et objets urbains tout au long de leur cycle, de leur fabrication à leur démolition ?

 

 

 

 

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